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3 mars 2011

L'arcade à la maison : Partie 2.

Il était sûrement un peu prétentieux de ma part d'annoncer que j'allais faire un article sur un documentaire, avant même de l'avoir vu.

Il y a eu ça, évidemment. Et il y a aussi eu Etrian Odyssey 3 dans la foulée, qui, il faut le dire, n'a rien arrangé à mon inactivité. J'ai passé plusieurs semaines bien trop concentré sur une idée d'équipe parfaite qui pourrait, d'une façon ou d'une autre, intégrer des hoplites - ninjas, des shoguns - pirates et des androïdes - fermiers pour me concentrer sur mon blog. Qui pourrait me le reprocher ?

Mais, plus sérieusement, après avoir vu High Score, j'étais un peu en peine d'imaginer le genre d'article que je pourrais taper. Le tout m'apparaissait comme une version light de "The King of Kong". Moins long, moins hypé, et, au final, relativement moins intéressant.

Cela-étant, une promesse est une promesse (bah voyons, genre), et le documentaire présente quand même suffisamment d'intérêt pour mériter de figurer ici.


(j'ai aussi eu un problème de timing pour mon article pour la Saint-Valentin, mais je pense que vous serez heureux de ne pas avoir eu à le lire)


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Ordonc, High Score.

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Encore une fois, il s'agit ici de vieux jeu d'arcade, basé sur le scoring. Bill Carlton est un nerd roux tout ce qu'il y a de plus sympathique, mais possède un gros défaut (outre le fait d'être un nerd et d'être roux, évidemment) : il aime les vieux jeux vidéo d'arcade, chiants comme la mort et horriblement restrictifs. Sa lubie à lui, ce ne sont pas les gros singes qui jettent des tonneaux, mais des missiles qui tombent sur des villes. Les plus érudits d'entre vous auront reconnu là les quelques mots qui constituent l'intégralité du scénario, du principe, et de la finalité de Missile Command.

Amusement, il est mention d'un certain Roy "Mister Awesome" Shildt dans l'article précédent, qui avait un "beef" avec Twin Galaxy en raison d'un score non accepté pour Missile Command. Il n'en est pas mention dans High Score, hélas, mais les critères pour établir un high-score sur le jeu permettent de comprendre la ténacité qui animait cette rivalité.

Missile Command est un jeu tout bête : il se joue avec un stick et 3 boutons, chaque bouton correspondant à une des bases de tir que le joueur contrôle, située respectivement à gauche, au milieu, et à droite de l'écran. Du haut de l'écran arrivent alors plusieurs missiles et avions larguant des bombes sur les villes situées en dessous. Le but du joueur étant de coordonner les tirs de ses bases pour éviter que ses villes soient touchées par les tirs ennemis.

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Tout con, mais avec quand même quelques subtilités, notamment le fait qu'il soit impossible de faire du "spray and pray" en raison du fait que chaque base ne peut tirer qu'un seul missile à la fois, qui se déplace assez lentement et qui explosera arrivé à l'endroit indiqué sur le curseur. En somme, un jeu difficile, basée sur une bonne coordination et un bon sens de l'observation, sans parler des réflexes. Pour moi qui aime bien les shoot'em ups, je dois dire que ça a l'air beaucoup moins chiant que Donkey Kong.

La question de savoir comment ces vieux jeux se "terminent" est toujours intéressante. Il était clair qu'ils n'avaient pas été pensés pour. Donkey Kong, par exemple, tuait automatiquement le joueur quand celui-ci arrivait à un certain tableau. Probablement plus la place de programmer un écran pour féliciter le joueur d'avoir fini le jeu.

Missile Command a ceci d'intéressant que lui ne finit jamais. Les niveaux deviennent de plus en plus durs, mais la difficulté ne devient pas pour autant excessive au point qu'il soit mathématiquement impossible de gagner. J'imagine que ça se bloque à un certain point, qui doit désormais ne plus avoir beaucoup de secret pour les joueurs qui s'échinent dessus depuis 1981.

Et donc, on en arrive au sujet du documentaire : Bill décide de battre le record de Missile Command. Rien de bien méchant, n'est-ce pas ?

À une exception près, et une exception de taille : le record, de 80 millions de point, détenu par Victor Ali a été établie après une séance d'environ 55 heures de jeu. Non-stop (pas de bouton pause sur les machines, fillette).

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Laissez-ça mijoter un peu dans votre tête. 55 heures de jeu. Plus de 2 jours. Qu'est-ce que vous avez fait durant ces 55 dernières heures ? Combien d'heures avez-vous dormi ? Est-ce que vous pouvez imaginer remplacer tout ce temps par des PUTAINS DE BASE qui tirent des missiles en 4-bits (voir moins) ?

Bill Carlton peut, et le pire, c'est qu'il va même essayer de le faire.

Et, sur cette entrée en la matière assez alléchante . . . ben, voilà quoi. Le documentaire va suivre ses déboires, des problèmes qu'il aura à faire fonctionner le jeu correctement à quelques extraits de ses séquences de marathon. Et le problème se pose un peu là.

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Imaginez un documentaire sur, je ne sais pas moi, un obèse qui décide de courir les 100 mètres au J.O. Ça serait pas difficile à tourner : il suffirait d'entrecouper des interviews de l'intéressé et de ses proches avec des séquences d'entrainement, peut-être mettre "Eye of the Tiger" en fond sonore pour le montage, et le tout se ferait de lui-même. Et puis, il y aurait le grand moment, celui où tout se jouera, et où assistera au dénouement de l'intrigue, où on verra où l'ont amené ses efforts, qu'est-ce qu'ils ont fait de lui, etc.

Le problème de High Score, c'est qu'il n'y a pas vraiment de grand moment, de "climax". Bill se lance dans une partie de Missile Command, la machine plante, on la répare, il re-essaie, il y a un autre problème . . . ad lib.

On pouvait reprocher à "The King of Kong" une certaine dramatisation des faits, avec des protagonistes archi-typés avoisinant la caricature, mais force est de reconnaître que c'est ce qui donnait son cachet au tout. Dans High Score, Bill n'a pas d'antagoniste particulier, et nonobstant que le documentaire s'ouvre sur son acquisition de Missile Command, le réalisateur aurait tout simplement pu se pointer chez lui en disant "hey, c'est cool, il parait que tu veux battre le record de Missile Command, on peut filmer ?". En somme, si The King of Kong prend presque des allures de thriller psychologique à la Death Note, High Score lui, serait plus proche de Azumanga Daioh ou de Lucky Star (pour citer un anime de slice of life très bien et un autre horrible).

Je suis peut-être un peu dur dans ma façon de présenter le documentaire, et j'imagine que désormais, vous vous l'imaginez à peu près aussi chiant qu'un cours de droit administratif. Ce serait un peu injuste quand même : si ses enjeux sont un poil faibles, High Score se rattrape par d'autres aspects. Déjà, il est court, et ne fait que 50 petites minutes. Ensuite, les documentaires sérieux sur le jeu vidéo sont quand même relativement peu nombreux, et c'est toujours agréable d'en voir un réalisé avec un minimum de sérieux.

Et je dois le dire, pour en revenir à l'aspect "slice of life", que le protagoniste, Bil Carlton est sacrément attachant. Il cumule les meilleurs côtés des deux "personnages principaux" de The King of Kong : l'aspect un peu obsessif de Steve Wiebe sans en avoir le côté pleurnichard, en le remplaçant par la confiance en soi d'un Billy Mitchell, mais en ne tombant pas non plus dans les excès qui le font passer pour le "méchant" de The King of Kong. En somme, c'est un type sûr de lui, peu affecté par ses échecs, qui revient toujours à la charge, et qui dégage quelque chose de positif tout du long.

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Non seulement lui, mais toutes les autres personnes interrogées, qui répondent sans trop en faire, contribuent à cette ambiance "feel good" qui se dégage du documentaire. Le pote de Bill qui retape les machines, le type qui détient le record du monde, le père de famille tout content de retrouver une machine de son enfance dans le magasin où s'entraîne Bill, le gros qui joue à Everquest en disant que dans son village, c'est soit ça, soit se droguer . . . C'est un univers amusant, anecdotique, où une promenade de 50 minutes est tout sauf désagréable.

En somme, High Score ne sera probablement pas une pierre angulaire dans l'histoire de la documentation vidéo-ludique sur support télévisuel. Mais pour le moment, à défaut de mieux, il peut valoir le coup. 50 minutes, ça passe vite. Surtout que Bill nous récompense d'une façon fort magistrale à la fin, d'une manière complètement out of the blue qui n'est pas sans me rappeler la fin de Shrek 3.

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Avouez que ça donne envie.

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