Death Note + Rami = Akagi.
Connaissez-vous le mahjong ? Il s'agit d'un vieux jeu chinois millénaire, les vieux jeux millénaires étant la spécialité des Chinois.
Le jeu existe en 2 versions, la version solitaire et la version à plusieurs. Comme Geektature est un véritable vivier social, nous savons tous que les gens qui viennent ici aiment passer de longues soirées entre amis à discuter de problèmes du monde, et nous allons donc nous attaquer à la version multijoueurs. Snort.
L'autre jour, il m'est arrivé une de ces tuiles.
Pour faire simple : c'est du rami. A peu de choses près. Vous avez un nombre fixe de tuiles dans votre main, le but étant de finir la partie avec une paire de tuiles identiques, et des combinaisons de 3 ou 4 des autres tuiles. En pouvant s'aider des tuiles jetés par l'adversaire pour compléter ses combinaisons, ou en lui prenant une tuile qu'il jette pour remporter la partie en complétant sa main. Cet article va avoir beaucoup de fois le mot "tuile" écrit dedans.
Je vais vous l'avouer : ce n'est pas très intéressant. Vraiment. Je sais à peu près y jouer parce que je suis définitivement irrécupérable. Et malgré tout ce que pourra vous couiner un otaku de passage à ce sujet, le fait que ce soit japonais n'en fait pas quelque chose de définitivement plus passionant que n'importe quel jeu de carte.
Le gros problème consiste que, grossièrement, on peut parfaitement jouer de son côté sans trop se soucier de ce que fait l'adversaire, et que cela ne constitue en rien un malus pour jouer. Une fois qu'on a déclaré "Reach" (qui revient à peu près à dire d'une voix méchante "ha ha ha me reste plus qu'à chopper une tuile pour gagner je vous préviens bande de naze") il y a peu de chances que l'adveraire, même en étudiant votre "défausse", puisse avoir la moindre idée de ce dont vous avez besoin pour gagner, continuera donc à jouer normalement en espérant pouvoir gagner plus vite que vous avec sa main.
A moins que votre adversaire ne soit Akagi.
Mal barré. Vous êtes trèèès mal barré.
Akagi, c'est l'histoire d'Akagi (duh) , un jeune garçon qui se retrouve, complètement par hasard, à jouer au Mahjong, dans des circonstances rocambolesques. Il ne connait rien aux rêgles. Et pourtant, il est voué à devenir l'un des plus grands joueurs de tout les temps.
Ce qu'il faut comprendre avant de critiquer le choix discutable de l'auteur de faire un manga sur un jeu principalement constitué de hasard, c'est que l'anime réussit quelque chose d'incroyable, à savoir restituer parfaitement l'ambiance qui peut se développer au cours d'une partie tendue. La bande-son, par exemple ne tient pas du génie mais retranscrit très bien la tension ou le cours du jeu.
Avant de considérer la technique et le scénario, on va commencer par ce point, probablement le plus intéressant à propos d'Akagi, qui a donné une certaine popularité à l'anime, même auprès de non-puristes du mahjong. Pour peu qu'on ait déjà joué un peu à de simples "jeux" impliquant du papier, des jetons, et autres éléments solides, on reconnait très vite des éléments récurrents dans l'anime, qui ne base pas toutes les actions des personnages uniquement sur de la réflexion pure. Le joueur que rien ne peut stopper et dont la chance ne semble jamais vouloir s'arrêter de lui sourire, jusqu'à ce qu'il s'en rende compte et décide de la pousser trop loin, ou encore un choix qu'on ne parvient pas à faire et qui se termine en avalanche de malchance une fois effectuée . . . Le "flow" d'une partie a sa place dans l'univers d'Akagi, et même si on pourrait accuser cet élément d'apporter une relative facilité à l'enchainement des situations, il serait absurde de s'en passer.
C'est ce qui rend l'anime intéressant, en premier lieu. Son atmosphère. Evidemment, si on ne capte rien, mais alors vraiment rien au mahjong, oui faut avouer, c'est un peu chiant, car tout nous passe sous le nez (ce qui ne risque pas d'arriver aux protagonistes de l'histoire, des nez comme ça, j'en avais pas vu depuis Escaflowne) . Cependant, le jeu n'étant pas très compliqué à comprendre, il serait bête de s'en priver.
Si on s'arrête aux fioritures, on remarque un style de dessin assez étrange, tirant grandement sur des gros traits carrés (peut-être pour coller aux "dalles" ?) et sur des ombrages imaginatifs. Le résultat est assez dépaysant mais finit par être assez agréable à regarder. De toute façon, il n'y a pas de femmes dans Akagi (après 13 épisodes, pas vu l'ombre d'un oeil gigantesque) . Comme je l'ai dit, la musique est un délice . . . à l'exception des openings et endings, qui sont vraiment pas terribles. L'opening étant assez reloue, et l'ending plutôt inadapté.
Mais bon, c'est Akagi quoi. De la même manière qu'un raisonnement de L ou de Raito dans Death Note peut laisser pantois même si au final on a rien compris, il en va de même pour Akagi. Je pense notamment à l'épisode 13 qui consiste en quasiment 15 minutes d'explication d'une stratégie. C'est beau, fantastique, merveilleux, on ne comprend quasiment rien, on nage dans cet intelligence honteusement surévoluée, en barbotant gaiement.
Un délice pour le cerveau.