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1 mars 2010

Beep-beep, vais-je mourir docteur ?

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Oh, c'est vous, monsieur Vidéo ? Entrez, entrez, je vous en prie. Prenez une chaise. Asseyez-vous dessus, je veux dire. J'ai cru comprendre que vous demandiez une contre-expertise de ma part, car le bilan de mon confrère le docteur Zeitgeist ne vous convenait pas. Je vous comprends : il n'est jamais agréable pour qui que ce soit de s'entendre dire qu'on est mort.

Commençons par les bonnes nouvelles, monsieur Vidéo : vous n'êtes pas mort. Si vous jetez un coup d'œil à ce graphique, vous remarquerez que votre corps continue d'utiliser de l'oxygène et de rejeter du dioxyde de carbone. Si cela avait été le contraire, les conclusions que nous aurions pu en tirer auraient été désastreuses. Probablement. J'imagine que vous ne seriez pas là pour en parler, trop occupé à faire de la photosynthèse. Quel soulagement !

Mais tout n'est pas rose pour autant, hélas, monsieur Vidéo. Sur la batterie de tests que je vous ais fait passer, il s'avère que certains se sont révélés bien plus fonctionnels que d'habitude, et ont même affiché des résultats. Le choc a été grand pour moi aussi : cela fait 10 ans que je travaille ici, et 6 que j'ai officiellement mon diplôme, et j'ai rarement vu des symptômes aussi inquiétants que les vôtres. Je sais très bien que c'est contraire aux recommandations affichées sur les médicaments que nous vous avons prescrit, mais je me sens bien obligé de devoir vous les confier, en raison de ce fameux serment dont le nom m'échappe. Mais rassurez-vous : un peu de stress n'a jamais tué qui que ce soit, même quand ils sont sous méthadone.

Le plus frappant, monsieur Vidéo, c'est assurément le DLC. Oh, je sais ce que vous allez me dire : il y a quelques années, les DLCs étaient complètement bénins. Pas une vraie maladie ; un peu comme quand on faisait une rapide trépanation ou une saignée sur le pouce pour soigner quelqu'un atteint du SIDA au XIIème siècle.
En plus d'être bénin, il avait été prouvé assez vite que les DLCs en question étaient bidons : en guise de téléchargement de contenu, le jeu se contentait d'installer une clé de quelques Ko sur votre carte mémoire pour débloquer du contenu qui se trouvait déjà sur le disque. Forcément, on allait difficilement ajouter des milliers de lignes de code sur une carte mémoire contenant moins d'un Mo. Avouons-le, c'est en soi assez ridicule, mais c'était une façon de faire de la pub pour le site web, et ça donnait un côté délicieusement "high-tech" au tout, faisant intervenir le world wide web dans la vie de tous les jours.
Le service est un peu plus frustrant quand il n'y a plus aucun moyen d'y accéder alors qu'on a pas pu avoir tout ce qu'on voulait sur le moment. Mais voyons ça comme une amusante relique du passé, et allons de l'avant sans nous poser davantage de questions.

. . . Mais est-ce vraiment ce que vous pensez, monsieur Vidéo ? A l'époque, ça ne choquait pas, parce qu'il suffisait d'avoir une connexion Internet pour télécharger ces petites clés. Soit : cela coutait une fortune en soi de se connecter, mais ça ne choquait pas outre-mesure, parce qu'après tout, on nous demandait pas, au final, de payer pour quelque chose qui se trouvait sur un CD qu'on avait déjà payé. Mais maintenant ? Ha.
L'idée de base du DLC désormais, c'est d'être le chaînon manquant entre l'expansion et le patch. L'idée n'est pas forcément mauvaise, et parfois ça marche, plus ou moins bien.
Mais hélas, on ne peut pas laisser de côté cet aspect du "fais-toi enculer par nos codes" qu'on trouve un peu partout : Namco est assez balaise dans ce domaine, proposant des bonus bidons pour Ridge Racer, Soul Calibur IV ou My Beautiful Katamari. Mais il serait injuste d'oublier Capcom, qui se défend bec et ongles avec Street Fighter IV et ses costumes alternatifs (dévoilés sur un rythme hebdomadaire après la sortie du jeu, ha ha, bah voyons) et Resident Evil 5 et son mode versus de 10 kilo-octets. Je ne cite que 2 des virus, monsieur Vidéo, mais la liste pourrait être bien plus longue, si j'avais le courage de tout rechercher.
Au final, dîtes vous ça : vous payez 70€ pour un jeu, ce qui est déjà hors de prix. Mais pour accéder à 100% du contenu, il vous faut encore débourser, quoi, de 5 à 15€ supplémentaires ? Ce n'est même pas une question de "personne ne te force à acheter", ce que beaucoup de gens avancent comme contre-argument : si le contenu est déjà sur le disque, il semblerait normal qu'on puisse y accéder dans son entièreté une fois le cd payé. Mais non, et au final, le prix indiqué sur le jeu est un mensonge. Malins, ces virus, vous disais-je.

(Je passe sur le côté du "pay or play", qui permet d'acheter des éléments du jeu plutôt que de les débloquer par une autre voie, un concept tellement stupide que je suis étonné qu'on l'ait déjà inventé et mis en pratique)

 

Je pense qu'on tient le cancer principal qui vous ronge, monsieur Vidéo. Le reste semble plus anecdotique, mais histoire que vous en ayez pour votre argent, laissez-moi faire un petit listing rapide.

- Les QTEs. Ah, encore une relique du passé qui revient nous hanter ! Du passé éloigné, voir même très éloigné, si je puis dire. Imaginez-vous : à l'époque, on les appréciait, ces séquences archi-simplistes où il suffit d'appuyer sur un bouton au bon moment pour que la séquence suivante s'enchaîne correctement. Il faut dire, c'était grisant, ça donnait l'impression de jouer à un film. Un rêve de gosse.
Maintenant, il faut l'avouer, c'est un signe de fainéantise absolu, ça n'amuse plus personne et ça limite grandement l'impact ressenti lors de combats contre les boss, où cet artifice est souvent utilisé pour donner un côté impressionnant au tout, mais qui est au final que poudre aux yeux. Et c'est pourtant devenu un des piliers des jeux d'action.
Si ce genre de problèmes vous revenait, je vous conseille un kinésithérapeute de ma connaissance. Il n'a ni diplôme, ni papier d'identité en ordre, mais son taux de mort par intervention est très en deçà de la moyenne nationale.

- L'inspiration. Vous allez surement me dire que je me trompe, qu'il y a encore plein de jeux qui proposent des coups de génie incroyable qui vont révolutionner le marché, et tutti quanti. Il y a aussi à parier que si vos cheveux sont longs et sales, vous allez probablement répéter le mot "indie" à plusieurs reprises.
Comme un alcoolique qui prendrait de l'aspirine, vous avez à la fois tort et raison : il y a encore des jeux originaux, mais pas tant que ça. Mais ils sont d'autant plus remarquables qu'il y a beaucoup de jeux pas originaux qui sortent. Le monde semble être pris dans une sorte d'Ouroboros à 4 têtes et 4 queues. Jeux de sport - FPS - Sandbox - MMORPGs semblent être la combinaison gagnante pour le profit vidéo-ludique en ce 21ème siècle.
Les jeux de sport ont un rythme de sortie tellement fixé que je suis sur qu'ils sont désormais capable de se reproduire entre eux et que les développeurs n'ont qu'à surveiller que la migration vers les pays chauds se passent bien.
Les FPS sont les nouveaux jeux de plate-forme, facile à programmer, utilisant tous le même moteur et ne nécessitant qu'une ou deux petites fonctionnalités un tantinet différentes pour se promouvoir comme "révolutionnaire". Guerre moderne ou deuxième guerre mondiale en UE obligatoires, avec Guerre Froide comme UE complémentaires. Il est regrettable que tant de batailles pourtant parfaitement intéressantes soient complètement ignorées par les développeurs. On peut noter l'émergence d'une sorte d'enfant bâtard conçu en secret avec le Survival-Horror : le TPS, ou Third-Person Shooter, qui commence à se généraliser. Assurément, 20 années d'expérimentation auront porté leur fruit, et ça fait plaisir de voir une véritable audace de la part des développeurs.
Le sandbox est le nouveau venu de cette génération, surfant sur la vague GTA. Il suffit de savoir modéliser des blocs de bétons, d'y appliquer des fenêtres, , de faire un gros chargement au début plutôt que plein de petit au cours du jeu, et voilà, vous avez un jeu à espace ouvert, et vous pouvez y mettre ce que vous voulez, de l'action, de la course, du rpg, ou même du simulateur de drague. Ça marche bien, parce que c'est idéal pour du DLC, vu qu'il peut apparaître partout. Et le concept étant encore relativement récent, il a le mérite de sonner encore comme quelque chose de vaguement révolutionnaire.
Les MMOs, je ne devrais même pas avoir besoin d'en parler, n'est-ce pas ? Pourtant, j'ai l'impression que la vague est un peu passée par rapport aux dernières années : l'horizon me parait si calme en ce moment.
. . . Oups, pardon, ce n'est pas l'horizon : c'est juste le pénis de Blizzard qui pointe sur des kilomètres, stimulé par la destruction absolument totale et complète du moindre produit ayant vaguement tenté de faire concurrence à World of Warcraft. Je crois qu'il m'a aperçu du coin de l'œil, je vais essayer de m'en aller discrètement avant qu'il ne me cogne avec.
Il n'y a pas grand-chose à faire contre tout ça, monsieur Vidéo. Tout n'est pas nécessairement mauvais à prendre dans ce paquet, mais si vous vous retrouvez à faire des crises de dépression, ou si vous vous sentez relativement apathique, appelez ce numéro, et ce médecin vous fournira de quoi vous remettre d'aplomb. Évitez d'utiliser des termes trop explicites, j'ai peur que son numéro ne soit encore sur écoute, en raison de sa liberté conditionnelle.

(NB : En Angleterre, un vieux noir m'a abordé alors que je marchais avec un ami, nous demandant à plusieurs reprises si on connaissait Charlie. Confronté à plusieurs échéances à notre ignorance, il a perdu patience et nous a clairement demandé si on voulait de la drogue. C'est donc bon à savoir : si vous allez en Angleterre, connaissez vos Charlies)

- Le DRM. Ou plus généralement, toute tentative de protection contre le piratage. C'est une bien vieille maladie que vous vous trainez là, monsieur Vidéo. Mais à l'époque, il suffisait de vous donner un mot précis dans un manuel, ou de vous brancher un dongle usb à un endroit que la décence m'interdit de préciser.
Depuis, tout a changé, n'est-ce pas ? Un Australien doit payer 1,5 millions de dollars pour avoir uploadé New Mario Bros Wii, les jeux Ubisoft vont requérir d'avoir une connexion Internet en PERMANENCE pour jouer (une perte impromptue de la connexion résultant en l'équivalent d'une carte mémoire retirée pendant une sauvegarde), et si vous voulez jouer à un jeu ps3 d'occasion en ligne, il faudra vous préparer à payer 20€ de plus. Ce ne sont que quelques exemples des complications qui vous guettent.
Pas grand-chose à faire, j'en ai peur. Continuez de supporter Stardock et autres éditeurs moins attachés à leurs sous, quand bien même ils produisent des légères déceptions. Renseignez-vous sur les milliards de jeux auxquels vous n'avez à tort jamais joué et qui sont la propriété de boites mortes et enterrées depuis longtemps, et à qui le piratage de leur productions ne nuira pas.
La seule réponse un minimum constructive au problème pour le moment semble être le cloud gaming, mais il est encore bien trop tôt pour se prononcer sur le succès de la chose. Certes, le concept est novateur, et pourrait bien être même révolutionnaire. Mais on aurait pu accoler ces deux adjectifs au Virtual Boy, au Power Glove, au CDI ou à Sega Channel, des créations qui, à n'en pas douter, hantent encore la conscience de leurs créateurs, du moins ceux qui n'ont pas été obligés de se faire seppuku.

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- Excusez-moi, mais votre rendez-vous de 4 heures du matin est là, docteur Watermark.

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- Oh, très bien, nous venons de finir. Monsieur Vidéo, j'espère que tout se passera bien pour vous. Suivez mes conseils, et vous devriez vous en tirer. Maintenant, si vous me permettez, j'ai rendez-vous avec monsieur Cinéma. Il a ses étranges plaques bleus poilues sur la peau, accompagnées de délires visuels qui le rendent proprement stupides qu'il me faut analyser au plus vite avant qu'elles ne se transforment en Oscar ou dieu sait quoi. Ça, et l'ablation de Michael Bay. Le dicton dit vrai, il n'y a pas de repos pour les vertueux !

Portez-vous bien, monsieur Vidéo. Et, à n'en pas douter, à bientôt !

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Commentaires
C
Etant en plein dans ma phase JV, je dois dire que la situation est quand même moins dramatique que ce que je pensais. J'attendais strictement rien de Star Ocean IV et il s'est avéré un très sympathique RPG à l'ancienne avec un bon scénar et une bonne dynamique entre persos, sans parler du gameplay.<br /> <br /> Pour ce qui est du QTE, bah disons qu'il faudrait pas que ça se généralise, mais tant que ça reste un jeu par ci par là, surtout s'ils sont de la qualité d'Heavy Rain (je le répéte, selon moi un des meilleurs scénars jamais écrits toute catégorie confondue), ma foi, j'ai pas franchement d'objection.<br /> <br /> <br /> Là ou je suis surpris c'est par cette incroyable déférlante post-apo...Surtout au niveau RPG, aussi bien SO4 que Resonance of Fate que...FFXIII ( tu auras mon verdict dessus d'ici une semaine, pour le meilleur ou pour le pire ^^)
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