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Geektature
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15 septembre 2007

Le samurai qui avait six raies.

C'est marrant, mais j'ai toujours l'impression de commencer mes reviews de film de la même façon. En disant que je ne suis pas un grand fan de cet art-ci, que je ne regarde quasiment jamais de films, que ce sont toujours des nanards, des navets, ou des films bien obscurs, etc. Avec le temps, je me rend compte que les 2/3 de ce que je viens de dire vont devenir faux, puisque c'est encore une review de film qui vient remplir mon petit calendrier Geektature.

Après Napoléon Dynamite, Skinned Deep et Dead or Alive, je me disais qu'il était grand temps que je m'attèle à quelque chose qui ferait peut-être plus envie au grand public. Que les non-geeks ne passent pas leur chemin une fois de plus en soupirant, bien obligé de venir sur ce blog parce que je les force sous la menace.

Mais au final, non, comme il fallait que je me contente de ce que j'avais comme film disponible sous le coude à ce moment-là, j'ai du faire avec. Pourtant, des 4 films chroniqués sur Geektature (hm, il serait temps que je songe à une sous-catégorie des que j'aurais réfléchi à un jeu de mot approprié) celui-ci doit probablement être le plus regardable. Ou égalité avec Napoleon Dynamite, je ne saurais dire.

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Six-string samurai, car tel est son nom. Un film particulier, qui parvient à cumuler une hype de haut vol (élu meilleur film à je sais pas quoi, encensé par la critique underground dans le sens large du terme) avec un bide financier encore plus incroyable. Ayant généré environ 15 fois moins que ce qui aurait été nécessaire pour le rentabiliser, Six String Samurai est passé entre les mailles du filet (ha ha) de grands distributeurs qui se seraient régalés du style en Europe, comme par exemple Mad Movies.

Pourquoi ce film précisemment ? Je ne le cacherais pas, mais c'est la hype (4chanienne, sic) qui m'a poussé à m'y intéresser. Et intéressant, le film l'est définitivement.

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Vous voulez du scénario ? Il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la dent, en revanche, le contexte est quant à lui carrément alléchant.
En 1957, la Guerre Froide a dégénéré, et la Russie (pardon, l'Union Soviétique) a pris le contrôle de l'Amérique à grands renforts de bombes nucléaires et autres. Il ne reste plus qu'un petit vestige de capitalisme salvateur en ces temps moribonds de domination socialiste : Last Vegas, tenus par le roi des rois, Elvis Presley.
Malheureusement, le King est mort 40 ans plus tard (en 1997 donc, quel film ridicule, tout le monde sait qu'il est encore vivant), et un grand appel est lancé à tous ceux qui aimeraient prendre sa place : Par là-même, tout les rockers samurais sont invités à aller à Last Vegas réclamer le throne.
C'est là que commence l'histoire. Nous sommes invités à suivre l'histoire de Buddy, un samurai fort intéressé par ce poste, mais qui devra faire face à de multiples dangers avant d'y arriver ... ou y arrivera-t-il ? Zomg spoilers.

Tout de suite, vient le problème de caractériser le type de film auquel on a affaire. "Action" ? Pas vraiment non. On est en 2007, on ne peut plus se contenter d'un truc aussi réducteur désormais, il faut un titre choc. "Inclassable" ? Allons, ne contournons pas le problème comme des petites lopettes.
Non, on peut dire que Six-String Samurai, c'est un film de samurai musical post-apocalyptique américain indépendant. Ne cherchez pas quel épithète correspond à quoi, vous ne vous feriez que du mal.

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Rien n'est plus classe qu'un samurai rocker en costard-cravate destroy avec des lunettes pêtées.

Alors, que se passe-t-il concrètement, dans ce film ? Pas évident à résumer. Notre héros Buddy se retrouve très vite affublé d'un gosse insupportable après que celui-ci ait perdu sa mère et que notre bon samurai se soit occupé des méchants qui l'ont tué. Le-dit gosse s'exprime majoritairement par cris et par pleurs, et représente probablement le point le plus insupportable du film. Le seul, à vrai dire, ce qui le rend d'autant plus insupportable.
Ensemble, ou disons plutôt Buddy accompagné de son boulet, ils vont devoir affronter de nombreux dangers, sous la forme d'un trio de joueurs de bowlings belliqueux, de cinglés du futur fan de grunge et de marathon, de rescapés de l'area 51, d'autres fans de grunge, ainsi que de la Mort, qui a décidé que la place du King lui revenait de droit, et qui a comme but de faire rêgner le Heavy Metal en maitre à la place du bon rock'n roll local.
Ah et des communistes, aussi. Plein.

Et puis, heu ... voilà, c'est tout. Pas d'amourette particulière, si ce n'est celle entre le héros et sa guitare. Pas de retournements de fous, pas de comic side-kick, pas de bombasse. Six-string Samurai est un film assez dépouillé, mais pas pour autant inintéressant.

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Des grunges mécontents armés d'une catapulte à chewing-gum.

Qu'est ce qui fait l'intérêt ? Et bien, tout d'abord, le réalisateur, d'après ses propres mots, a voulu placé l'image et le son au centre du film.
Et au niveau du son, il faut bien l'admettre, ça claque pas mal. La BO est l'oeuvre de quasiment un seul et un seul groupe, chanson russe traditionnelle mise à part. C'est du rock bien kitschy, comme plus personne n'en fait, et n'en faisait déjà plus en 1997 de notre ère. Notons quand même que les morceaux restent excellents, et il y a même quelques morceaux connus dans le tas (enfin, pour être franc, un qui est vraiment très connu). Quasiment tout le film est accompagné de musique (le-dit film n'étant par ailleurs guère bavard), ce qui fait une bonne grosse tracklist à la fin. A noter l'apparition des musiciens du film en guest star, les "Red Elvises", qui ont des instruments et des costumes qui feraient palir d'envie n'importe quel type qui a mauvais gout.

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Balalaïka électrique, fuck yeah.

Au niveau de l'image, là aussi, c'est vraiment bien réussi. Tout est tourné en milieu naturel, et quel milieu naturel, puisqu'il s'agit de la Death Valley, en Californie. Evidemment, il faut aimer l'asphalte avec, à gauche, un paysage désolé, et à droite un paysage qui est lui complètement attristé. Mais ça a quand même quelque chose d'impressionant, et on imagine difficilement mieux pour faire un environnement post-apo.

Mais il faut que l'image bouge, et dans un film de samurai, quand l'image bouge, c'est qu'il y a du sabre dans l'air, ou, encore mieux, dans le thorax d'un méchant (cette phrase n'est pas poussive du tout). Et si j'avouais avoir quelques appréhensions avant d'avoir vu le film, il s'est avéré qu'en fait les scènes de combat sont plus qu'honorables, et loin de l'"American Samurai IV" que je craignais. L'acteur principal, Jeffrey Falcon, a apparemment passé une dizaine d'années à Hong-Kong pour faire des films où il est répértorié à chaque fois comme jouant un "Caucasian Villain", rôle réducteur mais qui a quand même porté quelques fruits, quand on voit le résultat dans ce film. Les scènes de combat sont, et bien, parfaitement réalisés. On pourrait peut-être parfois reprocher quelques mouvements de sabres qui sont aussi spectaculaires que superflus, donc assez peu réaliste, mais il ne faut pas oublier qu'on a quand même affaire à un film qui se veut avant tout beau à regarder, la pillule passant sans difficulté.

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Le linge qui pend, c'est quand même nettement plus original qu'un combat sur des bambous. Surtout contre des types en scaphandre.

Au final, on se laisse donc porter. Je dois admettre que regarder un film sur mon home cinema de 17 pouces (oula, c'est une blague que j'ai déjà du faire 3 fois, ça . . .) en général, ça me soule un peu, et j'ai souvent tendance à décrocher au bout d'un moment. Pour Six-string samurai, à part des passages un poil longuets sur la fin, je dois dire que j'ai pas décroché.
En même temps, je ne m'imagine pas voir Six-string samurai autrement. Ce n'est clairement pas un mauvais film dont on peut rire bruyamment avec ses amis en dégustant goulument une bonne bière bien tiède et en s'absentant cinq minutes pour aller acheter des chips. Ce n'est pas non plus vraiment un film où on peut espérer garder une vingtaine de personnes attentives et motivées tout du long, car le film montre parfois quelques faiblesses, au moins pour ceux qui seraient hermétiques au style. Après tout quand on sait qu'une grande majorité du genre humain a du mal à rester éveillé devant des chefs d'oeuvre comme la saga Tremors alors qu'il n'est que 3 heures du matin, Six-string samurai ne ferait qu'une bouchée de leur éveil.

Six-string samurai, c'est ce petit plaisir de regarder un film qui, si on le laisse être le petit film obscur sans prétentions qu'il était destiné à être, ne peut que plaire. On l'apprécie ou on ne supporte pas vraiment, c'est en tout cas un film devant lequel il est difficile d'imaginer la réaction d'autrui, et que je ne peux que conseiller d'essayer.

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Et c'est surtout un film où un mec clashe la Mort dans un duel de guitare. Quand même, oh. Zoing zoing !

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Commentaires
C
Ca donne envie. Si un jour, je croise sa route, j'y songerai. Mais c'est pas gagné.
D
thx
Z
M'a donné envie d'en faire une copie de sauvegarde.
D
En passant rapidement.<br /> J'ai ce film depuis deja un bon moment et en effet comme il est dit c'est un bon petit film obscure qui fait son effet.
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